Fatiha Rahou
Peintre, elle a choisi comme support d’expression la peinture sous verre. C'est en Italie, dans l'île de Murano, et à Venise au XIVe siècle que celle-ci prend une grande expansion. Suite à une crise du verre à MURANO, les artisans verriers afin de sortir de la crise économique ont la bonne idée de le peindre afin de mieux le vendre, cette idée fera le tour du monde; ce sera au début, des miniatures intégrées en élément de décors dans le mobilier. C'est au Proche, et Moyen Orient que la production de peinture sur verre sera la plus forte, et la plus diversifiée.
Originaire d’Algérie Fatiha RAHOU puise son inspiration dans cette tradition tout en la dépoussiérant.
L'œuvre de Fatiha restitue la vision fugitive dans tout l'éclat de ses combinaisons élémentaires, comme l'avaient voulu les artistes des vitraux gothiques et les peintres primitifs. Et cet éclat si particulier—dont la peinture sous verre nous promet qu'il ne se fanera pas—est précieux aujourd'hui, dans un monde où l'on a l'impression que la lumière nous fuit, que la vue baisse. Nous vivons de plus en plus dans un halo, une pénombre crépusculaire, une poussière mentale qui recouvre tout. Les oiseaux, les poissons exotiques, quelques fleurs témoignent encore pour nous de la couleur du monde perdu et l'éclat de la peinture sous verre conserve un peu de cela. Nous voyons combien le verre est magique et aussi la chance qu'il demeure encore des artistes qui lui soit fidèles pour nous conserver cette vérité des Tropiques. En regardant les œuvres de Fatiha, nous douterons moins de ce qu'un jour nous avons entrevu.
Pierre Graziani
Son expérience se situe dans deux mondes à la fois diamétralement opposés (France et Maroc) et qui ont cependant des points communs: à ASILAH, et à Nanterre et Gennevilliers, banlieue de la région parisienne. Ce sont des enfants maghrébins.
Son expérience en banlieue parisienne
Elle fut d'abord sollicitée par un professeur de SES s'occupant d'enfants de la 6 éme à la 5éme, en état d'échec scolaire. La majorité de ces enfants, sont immigrés et ont des problèmes personnels d'identité, ce qui les rends fragiles, parfois agressifs, car ils sont confrontés à un monde où les valeurs de réussite sont sanctionnées là, plus qu'ailleurs, par le mythe de la consommation, ils sont partagés entre deux mondes: la culture familiale et la culture occidentale de chacun représentant celle du monde extérieur.
Elle présenta aux enfants deux de ses tableaux.
Ensuite, elle leur fit un court exposé de l'histoire de la peinture sur verre et de sa technique, suivie d'une projection de diapositives de son travail, de façon à créer une atmosphère complice à la création. Elle entama une discussion afin d'amener les élèves à réfléchir sur le thème du dessin, puis sur la peinture qu'ils souhaitaient réaliser.
La majorité des enfants n'avaient pas pas d'autres idées que celle de vouloir exprimer leur identité. Il a fallu un long dialogue individualisé, afin de débloquer quelque peu l'imaginaire de chacun, et qu'ils puissent se donner une image un peu plus positive d'eux mêmes par la réalisation concrète d'une oeuvre personnelle.
Son expérience au Maroc avec les Enfants d'ASILAH
Contrairement à ceux des banlieues parisiennes, ils n'ont aucun problème d'identité, ils savent de façon consciente ou non, qu'ils font partie d'une famille, la leur, d'un lieu, le leur, ils sont d'ASILAH, leurs dessins le prouvent. Elle a choisi de leur donner le thème de la "Paix", chacun a eu son idée personnelle sur le sujet, mais presque tous ont fait apparaître dans leur dessin les murailles d'ASILAH, exprimant ainsi leur appartenance à des racines qui sont les leurs, incontestablement : ils et elles sont d'ici.
En forme de conclusion à travers ces deux expériences, le milieu ambiant qu'il soit social ou familial a été déterminant dans l'imaginaire de création de l'enfant.